club-coeur-sante-arcachon-sud bassin-accueil

RETOUR ACCUEIL

FRANCOIS VAUGELADE    30 mars2016

Histoire de la chirurgie cardiaque


Jusqu’en 1950, la chirurgie cardiaque restait du domaine du rêve. Les moyens de diagnostic  se limitaient à l’observation clinique, l’électrocardiogramme et la radiologie. Maintenir la circulation du sang dans les organes restait un défi, mais les progrès de l’anesthésie, de la réanimation et de l’antibiothérapie réalisés pendant la seconde guerre mondiale allaient permettre d’envisager cette chirurgie.

1950-1960

Il fallait donc ouvrir le cœur, l’arrêter et assurer la survie des tissus. Deux artifices techniques ont permis d’avancer : l’hypothermie corporelle qui diminue les besoins en oxygène et la circulation extra corporelle (CEC) qui permet une circulation de suppléance.

La première opération intra cardiaque date de 1952 avec un cœur-poumon artificiel

1960-1980 : période de conquête

L’évolution de cette chirurgie a nécessité des anesthésistes de haut niveau et des équipes médico- chirurgicales coordonnées.

Rien n’était simple : l’entretien du  matériel de CEC, le contrôle du rythme cardiaque, les transfusions (4à6litres de sang/intervention), la reprise de l’activité cardiaque, le risque d’arrêt cardiaque, celui d’une insuffisance respiratoire….

Peut-on encore imaginer l’application d’un défibrillateur interne à thorax ouvert et la pose d’électrodes reliées à un pacemaker externe ?

Certaines interventions étaient réalisées sans CEC si l’arrêt de la circulation n’excédait pas 3 minutes.

L’hypothermie de surface actuellement « oubliée » (abaisser la température du malade anesthésié à 30 ° en le trempant dans de l’eau glacée) permettait d’arrêter le cœur pendant 10minutes et d’effectuer certaines interventions.

Le traitement chirurgical des pathologies valvulaires a été particulièrement à l’honneur, faisant appel a des valvuloplasties puis  des valves artificielles, des greffes et enfin retour aux valvuloplasties « élaborées » à partir de 1990.

Le traitement chirurgical de l’infarctus permettant une revascularisation du myocarde a utilisé des 1971 les veines saphènes pour réaliser les pontages.

La première transplantation cardiaque réalisée en décembre 1967 par le Professeur Barnard  avait été précédée d’une intervention identique quelques mois plus tôt chez un veau devenu célèbre « Rebecca »

La chirurgie cardiaque pédiatrique, grâce à l’hypothermie profonde et la CEC permet la correction de nombreuses malformations congénitales  dès 1974

1980-1990 (à la recherche de l’excellence)

Une compétition  va s’engager entre la chirurgie cardiaque et la cardiologie interventionnelle  qui profite des progrès  de la radiologie, et ce pour le plus grand bénéfice des malades.

Le traitement des malformations congénitales va s’effectuer très tôt et la réparation sera la plus physiologique possible.

La chirurgie valvulaire utilise de nouvelles prothèses tissulaires et des homogreffes cryopréservées.

Les défaillances  cardiaques post opératoires ont pu être traitées dès 1974 par des améliorations de la CEC  puis dès 1982 par l’utilisation de nouvelles pompes permettant  un contrôle prolongé de ces situations.

Cœur mécanique ou transplantation pour remplacer un cœur défaillant ?

La découverte d’un traitement antirejet efficace (ciclosporine) a offert à la transplantation un regain d’intérêt  dès les années 1980.

1990-2000

La chirurgie cardiaque semble perdre de l’intérêt devant la raréfaction de certaines affections comme les séquelles de rhumatisme articulaire aigu (suites d’angines blanches ) ou de certaines malformations congénitales  et face aux progrès de la cardiologie interventionnelle.

Les progrès vont cependant permettre à nouveau à la chirurgie cardiaque d’évoluer dans tous les domaines.

Les valvulopathies, toujours fréquentes  sont traitées par  valvuloplasties performantes ;on utilisera aussi la valve pulmonaire du malade en remplacement de la valve aortique déficiente.

Les cœurs mécaniques autonomes  offrent aux malades en attente de transplantation, des conditions de vie acceptables pendant plusieurs mois.

La chirurgie mini invasive, la chirurgie qui bloque les mouvements cardiaques dans la seule zone à traiter et la télérobotique  ont marqué la fin du siècle.

Depuis 2000

La robotique permet actuellement des gestes chirurgicaux plus précis, l’humain restant « aux commandes » .

Pose de valves sans sutures, traitement de la fibrillation auriculaire (ablation par radio fréquence avec éventuellement aide d’un robot), télécardiologie (suivi à distance  des porteurs de stimulateurs cardiaques  ou de défibrillateurs, implantation d’un « cœur artificiel » (premier patient en décembre 2013) font désormais partis des réalités en cardiologie .

Les efforts sans cesse renouvelés des équipes  médicales et paramédicales  nous ont fait connaître tous ces progrès ; la recherche doit se poursuivre, guidée par le souci du malade  pour un futur prometteur.

« Rien ne vieillit plus vite que l’avant-garde » disait fort justement Louis Jouvet