Les marqueurs cardiaques
Docteur Anne-Cécile CHARLET
Pharmacienne-biologiste
27 mars 2019
Définition
Substances dosées dans le sang dont les variations évoquent un diagnostic.
L’intérêt de ces dosages repose sur la précocité du marqueur (pour affirmer ou pas un diagnostic le plus rapidement possible) et sa spécificité (ce marqueur est le stigmate d’une maladie particulière).
Diagnostic de l’infarctus du myocarde (IM)
- CPK Creatine Phospho Kinase : enzyme fabriquée par différents organes (muscles dont cœur, cerveau) et présente en faible quantité dans le sang.
Selon la provenance on peut rencontrer 2 sous-unités M (muscles dont cœur) ou B (cerveau). Son augmentation est le témoin d’une maladie du cœur, des muscles ou des méninges, elle est précoce (4 à 6 heures) mais non spécifique. Ce marqueur ne sera donc pas utilisé seul.
En dehors du diagnostic d’infarctus le dosage de CPK peut être utilisé dans le suivi des traitements par statines (en cas de douleurs musculaires).
A noter que ce dosage peut être augmenté par l’effort physique ou diminué en cas de prise d’anticoagulants
- MYOGLOBINE : protéine contenant du fer qui permet le transport et le stockage de l’oxygène dans le cœur et les muscles.
Elle augmente précocement (2 à 3 heures après un infarctus) mais n’est pas spécifique (augmente en cas de lésions musculaires)
- TROPONINE : protéine impliquée dans la contraction musculaire qui présente 3 formes C, I, T. Les formes I et T sont libérées dans le sang en cas de lésion myocardique (apparaissent dès 4 – 5 heures et persistent 1 semaine). Ce dosage est spécifique.
En cas de suspicion d’IM, le dosage est répété au bout de 3 heures.
Diagnostic de l’insuffisance cardiaque
- BNP ( Peptride Natriurétique de type B) : protéine synthétisée par le cœur dont on peut aussi doser une partie NT-proBNP.
Ce dosage est utilisé dans le suivi de l’insuffisance cardiaque comme indicateur de gravité et peut permettre aussi de différencier une insuffisance cardiaque d’une pathologie pulmonaire en cas d’essoufflement important. A noter que certains médicaments peuvent aussi perturber le dosage et que d’autres pathologies (valvulopathies, insuffisance rénale) peuvent augmenter le taux.
Thrombose Veineuse Profonde (TVP ou phlébite), Embolie Pulmonaire (EP) et Accident Vasculaire Cérébral (AVC)
- D DiMERES : produits de dégradation de la fibrine (élément du caillot sanguin) dont le taux élevé traduit l’existence d’un caillot (dans une veine TVP ou une artère EP ou AVC). En cas de suspicion d’une de ces situations, un dosage normal des D Dimères éliminera le diagnostic.
Un taux élevé de D Dimères impose un bilan complémentaire par imagerie en fonction des symptômes pour confirmer et localiser le caillot.
L’âge et la grossesse peuvent augmenter les taux de D Dimères.
Surveillance des traitements anti coagulants par anti vitamine K (AVK)
- INR (International Normalized Ratio) : valeur utilisée dans tous les laboratoires de tous les pays permettant un suivi fiable des patients sous traitement anticoagulant par AVK.
Des valeurs « cible » sont définies selon les pathologies : le plus souvent entre 2 et 3 et parfois en particulier dans les valvulopathies entre 3,5 et 4,5.
Le contrôle du taux lors des traitements chroniques se fait tous les mois et permet de détecter le risque ou de manque d’efficacité (INR trop bas) ou de saignements (INR trop élevé).
Le traitement pourra être adapté en fonction des valeurs.
Certains aliments, en particulier riches en vitamine K peuvent diminuer l’effet du traitement et modifier le dosage s’ils sont consommés de manière excessive et irrégulière (choux, épinards, asperges, salade, abats…) mais une alimentation variée peut contenir ces aliments s’ils sont pris modérément et de manière régulière.