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Histoire du cœur,

Passé, présent et futur de la cardiologie

Docteur Jean Yves DUPAS Cardiologue , Arcachon


De la préhistoire à nos jours, nous avons pu suivre les différentes étapes de l’évolution des connaissances dans le domaine de la cardiologie.

Si religion, philosophie, magie, astrologie entre autres ont été intimement liées aux convictions médicales au fil des siècles, nous vivons actuellement dans le siècle des études et des preuves, « l’Evidence Based Medecine »des Anglo-saxons.


La médecine commence réellement en Grèce, quelques centaines d’années avant Jésus Christ , avec Hippocrate ,inventeur de la déontologie et de la notion de secret médical. Très observateur il décrivit assez précisément les signes de maladies comme l’insuffisance cardiaque ou l’angine de poitrine. Ses théories fausses et réfutées actuellement vivront jusqu’au XVIII siècle. Le serment d’Hippocrate est toujours prêté par les jeunes médecins.


Galien, étudie l’anatomie et les traumatismes (sur les gladiateurs blessés) et invente la pharmacie (l’art de préparer un principe actif pour le rendre administrable  au patient). Le pouls et le rôle du sang sont connus. Il développe la saignée (parfois utile mais aussi dangereuse. Mais toutes ses théories sur la circulation sanguine sont erronées.


Au XIII siècle, un médecin arabe Ibn Al Nafis découvre les artères coronaires et la circulation pulmonaire. Ses écrits sur le sujet ne seront révélés en Europe que  quelques siècles après sa mort.


Au XVI siècle, les grandes découvertes se font en Europe.

Ambroise Paré découvre la systole (contraction du cœur) et la diastole (relâchement) ainsi que les valves cardiaques . Mais on pense  toujours que le sang peut passer du cœur droit au coeur gauche.


Michel Sevet en Espagne puis Andréa Cesalpino en Italie découvrent le véritable circuit du sang et utilisent le terme de « circulation ».


Au XVII, cette circulation est  décrite par un anglais Harvey et ses travaux sont confirmés par Malpighi qui complète les descriptions grâce à l’utilisation d’un microscope (visualisation des vaisseaux sanguins jusqu’aux capillaires). La représentation du sang veineux en bleu et du sang artériel (après mélange avec l’air) en rouge toujours retrouvée sur les schémas d’anatomie date des observations de cette époque.


Au XVIII, Hales met en évidence la pression artérielle  grâce à un tube de verre introduit dans la carotide d’un cheval.


Deux médecins, Rougnon, français et Heberden, anglais décrivent l’angine d e poitrine dont les symptômes sont attribués aux calcifications des artères coronaires  retrouvées par Jenner.


Whitering découvre les vertus de la digitaline sur l’insuffisance cardiaque en 1785.

Senac  et Corvisart publient des traités sur les maladies du cœur mais la complexité de ces maladies est telle qu’on doute de pouvoir en faire le diagnostic avant la mort !

Au XIX, Buffon envisage l’expérimentation animale  pour  faire avancer la médecine et c’est Claude Bernard qui peut être considéré comme le père de la médecine scientifique , basée sur les preuves.

L’ancêtre du stéthoscope voit le jour en 1816 grâce à Laennec et Bouillaud découvre le  rhumatisme articulaire aigu (RAA : atteinte des valves cardiaques suite à une infection à streptocoque).

Osler au Canada découvre l’endocardite infectieuse.

Avant la fin du XIX siècle, l’ECG voit le jour grâce à Einthoven et il sera utilisé en clinique dès 1908.

Le XX siècle voit se développer la chirurgie cardiaque. Après quelques essais infructueux, au début du siècle, les interventions seront rendues possibles grâce aux progrès de l’anesthésie.

La chirurgie de la valve mitrale est réalisée d’abord à cœur fermé puis en hypothermie puis sous CEC (circulation extra corporelle permettant d’arrêter le cœur en maintenant la circulation par une pompe) : premier succès en 1955.


Dès 1960 on utilise les prothèses valvulaires pour remplacer les valves mitrales puis aortiques défectueuses. La même année, le premier pace maker est posé.


Pour diagnostiquer les pathologies des coronaires  on fait  d’abord appel au cathétérisme  à partir d’une veine dénudée et sous radioscopie (irradiante pour patients et médecins), remplacé ensuite  par la coronarographie telle que nous la connaissons.


En 1967, on assiste à la première transplantation cardiaque par Christian Barnard et la même année au premier pontage avec du matériel veineux.


L’échographie cardiaque apparait en pratique en 1970  et les angioplasties avec dilatation dès 1977.Pour éviter les récidives la technique du stent (nu et/ou actif) voit le jour en 1986.


Les explorations dans le domaine cardiologique font actuellement appel à d e nombreuses techniques de pointe : scanner, IRM, scintigraphie ; les traitements sont devenus de haute technicité : défibrillateur implantable, ablation des foyers responsables de fibrillation auriculaire, cœur artificiel …


18 siècles ont été nécessaires pour comprendre la circulation sanguine  et 2 siècles supplémentaires pour comprendre et traiter toutes ces pathologies.


Et demain ? La télémédecine, la biologie moléculaire, la génétique, les robots chirurgicaux vont-ils envahir ce domaine ?  Bénéficierons-nous de nouveaux médicaments innovants ?


Le coût très élevé de la santé  permettra t-il de poursuivre et d’améliorer encore ?


Si l’espérance de vie a nettement augmenté dans les 2 sexes depuis quelques décennies, c’est sans doute grâce à tous ces progrès technologiques, diagnostic  plus rapide, prise en charge rapide et efficace en phase aigue, traitements,  mais aussi grâce à l’amélioration des conditions de vie  et à la prévention.


Tabac, Obésité, Diabète sont sans doute pour demain des dangers pour la santé, dangers contre lesquels chacun doit lutter.




  

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