COMPRENDRE LE DIABETE
Docteur Gérard TIBERMONT
Novembre 2016
Définition
Le diabète est une maladie chronique qui survient lorsque le pancréas ne produit pas assez d'insuline ou lorsque l'organisme n'est pas capable d'utiliser efficacement l'insuline qu'il produit. Cela se traduit par un taux de sucre dans le sang (glycémie) élevé : on parle d'hyperglycémie. (>1,26g/l). Cette anomalie biologique n’est que la partie immergée de l’iceberg et les complications de cette maladie sont parfois dramatiques. Contrairement à beaucoup d’idées reçues, il n’y a pas de « petit diabète »
Généralités
Le diabète est une maladie devenue fréquente mais qui reste potentiellement grave et dont l’évolution est sournoise et silencieuse.
En France on dénombre 3 millions de diabétiques dont la moitié âgés de plus de 65ans . Le pronostic à long terme dépend des complications (la moitié des sujets qui perdront la vue, seront amputés ou traités par dialyse sont des diabétiques).
Si le diabète ne guérit pas, par contre le respect des mesures d’une éducation thérapeutique efficace offre aux patients un meilleur avenir. Comme pour un certain nombre de pathologies chroniques la prévention reste le meilleur atout.
« Je ne me sens pas malade, mais je me soigne….. »
Physiologie
Le pancréas secrète 2 hormones qui régulent la glycémie :
- L’insuline fait baisser le taux de sucre dans le sang, permet le stockage en particulier dans le foie et les muscles
- Le glucagon fait monter le taux de sucre en cas de besoin
On retrouve 2 mécanismes pour provoquer le diabète
- Le défaut de sécrétion de l’insuline va aboutir au diabète lorsque 90% des cellules pancréatiques qui secrètent l’insuline seront détruites
- L’insuline est présente mais n’agit plus ; l’organisme en secrète de plus en plus (stade de prédiabète avec insulinorésistance qui peut durer des années) avant de s’épuiser (diabète avec chute de l’insuline). L’excès de poids a un rôle majeur dans l’insulinorésistance : maigrir permet d’améliorer la situation.
Evolution de la maladie
- Prédiabète :
o concerne 10 à 15% des sujets de 45 à 50ans dont 30% vont évoluer vers le diabète, d’autant plus facilement qu’il existe une obésité associée.
o Le dépistage précoce suivi de la mise en place de mesures hygiéno-diététiques permet de retarder l’évolution vers le diabète.
o La « porte d’entrée »du diabète est fréquemment un syndrome dysmétabolique surtout caractérisé par un excès pondéral (indice de masse corporelle IMC>27)et un tour de taille trop élevé (risque modéré : hommes>94cm, femmes > 80cm ; risque élevé :hommes>102 cm, femmes >88cm).
o Le bilan biologique mesure la glycémie (N=1g/l, diabète >1,26g/l), compris e entre 1,10g/l et 1,26g/l, les lipides et la fonction rénale.
- Les complications du diabète : essentiellement vasculaires et parfois redoutables, elles sont directement liées au taux de sucre dans le sang. Ces complications évoluent à bas bruit (comme les dégâts des termites) jusqu’à la catastrophe.
o Atteintes des artères coronaires (infarctus), cérébrales (AVC) et des membres inférieurs (artérite) : lésions athéromateuses plus fréquentes, plus précoces et plus graves que chez les autres. L’association à risque majeur : diabète+tabac+HTA
o Atteinte des petites artères au niveau des yeux, du rein et des nerfs : pouvant entrainer une cécité, une insuffisance rénale nécessitant une dialyse, des douleurs liées à l’atteinte des nerfs ou une insensibilité.
o Le pied du diabétique sera souvent le siège de troubles trophique s (ulcérations, plaies qui ne guérissent pas et peuvent aboutir à des amputations)
Les diabètes
- Types de diabète :
o Diabète type1 : destruction des cellules du pancréas (lésionnel).Révélation brutale chez un sujet jeune qui maigrit rapidement et présente une polydipsie (soif excessive) et une polyurie ( urine beaucoup) : à traiter en urgence par insuline
o Diabète type 2 : reste longtemps méconnu et souvent découvert lors d’une prise de sang « systématique » mais les lésions vasculaires sont déjà présentes .Des facteurs génétiques sont probables (on retrouve 30% de diabétiques chez les ascendants) mais la sédentarité et l’alimentation restent les facteurs principaux.
- Formes selon l’âge et le sexe :
o Enfant : pour assurer la croissance, la scolarité, une vie « normale », l’alimentation sera libre sans être laxiste et le traitement (insuline) adapté à la glycémie. L’éducation thérapeutique permettra d’autonomiser la prise en charge de l’enfant et de sa mère .La mère joue un rôle capital pour le suivi du traitement et éviter les hypoglycémies.
o Adolescent : son comportement est celui de tous les ados lors de cette période de bouleversements physiques et psychiques. Un rejet de la maladie et de son traitement n’est pas rare avec risque de déséquilibre de la maladie lié à une alimentation souvent désorganisée et une mauvaise observance du traitement.
o Adulte : les mauvaises habitudes alimentaires et d’hygiène de vie ont déjà envahi sa vie. Et les changer sera très difficile et prendra du temps. Pour ce type de patient une devise : « manger moins, marcher plus »
o Senior : l’espérance de vie est déjà limitée et les dégâts vasculaires sont bien installés. L’activité physique adaptée sera toujours bénéfique. Le traitement sera administré avec prudence (surtout l’insuline si elle doit être prescrite). Les troubles cognitifs peuvent compliquer la pris e en charge.
o Femme : en dehors de la grossesse, il n’y a pas de spécificité au diabète féminin. Par contre la grossesse représente une période à risque : la grossesse aggrave le diabète (attention aux yeux) et le diabète complique la grossesse. Les contrôles glycémiques sont fréquents et il est vivement conseillé de programmer toute grossesse chez les diabétiques. Lorsqu’un diabète est découvert pendant la grossesse, il disparait le plus souvent après l’accouchement.
Le diabète représente donc un dérèglement du métabolisme des glucides qui entraine une hyperglycémie permanente et qui va altérer la paroi des vaisseaux.
Le type 2 est le plus fréquent, lié à la fois à des facteurs génétiques mais aussi à des modes de vie alliant sédentarité et mauvaises habitudes alimentaires ; il apparait après une longue période silencieuse pendant laquelle s’installent déjà les complications.
En prévention comme en traitement, activité physique et perte de poids sont indispensables pour en améliorer le pronostic.