Les examens complémentaires en cardiologie
Docteur Pierre DUBIEZ cardiologue
Arcachon le 15 juin 2016
Comme leur nom l’indique les examens complémentaires seront utilisés après les premières étapesde l’examen cardiologique que sont l’interrogatoire précis du patient, son examen clinique (auscultation….) et l’électrocardiogramme (ECG). Ces examens complémentaires ne sont pas systématiques et doivent être réalisés afin de mieux comprendre la pathologie du patient et d’y apporter une thérapeutique adaptée.
Cas clinique n° 1
Patient de 55ans, fumeur qui présente des douleurs thoraciques à l’effort.
Son examen clinique et son ECG sont normaux.
On recherche une maladie coronarienne.
Les premiers examens demandés seront :
Le bilan sanguin, en particulier lipides et glucides car des anomalies de ces paramètres peuvent favoriser une pathologie coronarienne
L’échographie
L’épreuve d’effort qui recherche des douleurs et/ou des anomalies de l’ECG pendant l’effort (vélo ou tapis)
Si nécessaire en cas de doute persistant des examens plus précis, plus invasifs et plus couteux peuvent être demandés :
La scintigraphie myocardique (injection d’un produit radioactif qui se fixe sur le muscle cardiaque) permettant d’obtenir des images du cœur, au repos, après effort ou après injection d’un produit vasodilatateur et de déterminer s’il existe des zones mal vascularisées
L’échographie d’effort peut aussi permettre de situer le territoire du muscle cardiaque qui est insuffisamment vascularisé
La coronarographie( à partir d’une sonde mise en place par une artère du poignet ou de l’aine, injection dans les artères coronaires d’un produit iodé les rendant visibles à la radio)permet de voir tous les vaisseaux et d’effectuer le traitement si besoin (dilatation +/- pose d’un stent)
Cas clinique N°2
Homme de 38 ans, sans symptômes particuliers adressé par son médecin pour HTA et un souffle
L’examen clinique confirme le souffle
On évoque une anomalie d’une valve cardiaque. ( congénitale ? car le sujet est jeune)
Pour obtenir le diagnostic, on demandera
Une échographie cardiaque qui montre les cavités du cœur, les valves, les gros vaisseaux et les enveloppes du cœur
L’échocardiographie retrouve une bicuspidie aortique (valve aortique n’ ayant, de naissance, que 2 valvules) et une dilatation de la racine aortique. Pour préciser les diamètres de l’aorte on pourra demander :
Un scanner ou une IRM qui visualise aussi la valve aortique et permet des mesures précises de toute l’aorte.
Si une intervention est nécessaire, on complète le bilan par :
Coroscanner pour vérifier l’absence de coronaropathie associée
Un bilan des dents-sinus pour vérifier l’absence de foyer infectieux et un bilan respiratoire avant une chirurgie thoracique.
Cas clinique N°3
Femme de 78 ans essoufflée, qui présente un souffle au niveau du cœur et au niveau du cou.
Les premiers examens seront :
La biologie : recherche surtout d’une anémie (taux de globules rouges) et d’une insuffisance cardiaque (dosage du BNP et NTproBNP)
La radio du thorax à la recherche d’un épanchement et pour mesurer la taille du cœur
L’échographie doppler du cœur et des vaisseaux à la recherche d’anomalies valvulaires (rétrécissement aortique en particulier)
Le bilan pourra être complété par un scanner ou une IRM permettant de mieux visualiser les valves.
Si une intervention est nécessaire, le bilan sera complété par :
Une coronarographie pour vérifier l’état des coronaires
Un bilan respiratoire
Un bilan des dents et des sinus pour éliminer une infection
Cas clinique N°4
Patient de 64 ans qui présente des palpitations et un rythme irrégulier au repos.
L’examen clinique est normal ainsi que l’électrocardiogramme de base.
Le premier examen sera :
L’enregistrement du rythme cardiaque pendant 24 heures (holter) ou l’ECG en urgence pendant que le sujet présente ses palpitations à la recherche d’un trouble du rythme cardiaque intermittent (fibrillation auriculaire essentiellement)
L’ECG réalisé au moment d’un épisode de palpitations retrouve une fibrillation auriculaire.
Le bilan sera complété par une échographie +/- une épreuve d’effort.
Si le traitement médical n’est pas efficace, que le patient est gêné par les palpitations, on peut envisager l‘ablation de la fibrillation auriculaire ce qui peut nécessiter d’autres examens complémentaires : scanner cardiaque, IRM cardiaque…
Cas clinique N°5
Patient de 30 ans qui présente des syncopes lors des efforts. Son examen clinique est normal.
Son ECG décèle quelques anomalies.
Le bilan comprendra :
Une échographie
Un test d’effort
Un enregistrement sur 24heures de l’ECG
Il sera complété par l’IRM du cœur. Chez ce patient l’IRM retrouve une zone hypertrophiée (épaississement du muscle cardiaque, on parle de myocardiopathie hypertrophique)
Conclusion
Les examens complémentaires sont nombreux variés, mais pas toujours anodins.
Ils seront prescrits en complément de l’examen clinique et guidés par celui-ci, à condition d’être utiles au patient.