Ergothérapie et Cardiologie
25 janvier 2017
Mr Gildwen MORAIN
Ergothérapeute Bordeaux , cabinet libéral Ergo33
Objectifs de l’ergothérapeute
Analyser les déficiences et les capacités, l’ensemble des habitudes de vie et des facteurs environnementaux afin de déterminer les difficultés de la personne.
Préserver et favoriser l’indépendance et l’autonomie des personnes dans leurs activités de vie quotidienne en toute sécurité.
Epidémiologie de la chute
La chute est fréquente
Une personne sur trois de plus de 65 ans et une personne sur deux de plus de 80 ans chute au moins une fois par an.
90 % des chutes concernent les plus de 65 ans. Ces derniers représentent 16 % de la population soit 10 millions de personnes. Ils sont 30 % à chuter par an soit 3 millions de chutes.
50 % récidivent dans l ’année.
La chute est souvent grave
50% des chuteurs restés plus d’une heure au sol décèdent dans les 6 mois. 25% des patients hospitalisés pour chute décèdent dans l’année.
30% des hospitalisations des personnes âgées sont dues à une chute.
95 % des chutes ont lieu à domicile
Elles concernent pour 75% des cas des gens apparemment en bonne santé. La chute peut alors apparaître comme le marqueur d ’un mauvais état de santé.
Il n ’y a pas de rapport direct avec l ’âge chronologique mais la capacité d ’adaptation diminue au fur et à mesure de la vieillesse.
La chute se produit majoritairement dans la salle de bain ou les toilettes ou la nuit sur les trajets pour aller au toilette.
Il existe une sensibilité accrue aux perturbations externes mineures
Conséquences de la chute
La chute peut provoquer des atteintes physiques :
Fracture (5% des cas), dont 1% de fracture du col du fémur, le risque étant augmenté chez les personnes âgées du fait de la diminution de la densité des os (ostéoporose). 50 000 fractures du col du fémur,
Traumatisme (11%des cas) : hématomes, plaies à suturer, perte de connaissance…,
Abrasion, contusion dans 46% des cas.
La chute peut avoir des conséquences fonctionnelles :
Perte de la marche, de l’autonomie,
Régression cognitive ou syndrome post chute (pas raccourci, rétropulsion du tronc, appréhension à la chute…).
Indirectement, la chute oblige souvent la personne âgée à devoir renoncer au maintien à son domicile, et donc provoquer sa mise en institution (EHPAD, voire établissement de santé). Elle entraine 91 000 séjours hospitaliers.
Dans le cas d’une personne âgée chutant dans l’établissement de santé ou elle est hébergée, la chute retarde ou compromet son retour à domicile.
Principe
On distingue dans les causes de chutes :
Des facteurs intrinsèques liés à la personne,
Des facteurs extrinsèques liés à l’environnement.
La prévention de la chute pour un patient donné passe par l’identification et la correction des facteurs de chutes qui le concernent.
Les facteurs intrinsèques :
En dehors des causes liées au vieillissement, les causes intrinsèques peuvent comprendre :
Des facteurs iatrogènes, tels que les antihypertenseurs, les traitements responsables d’une baisse de vigilance,
L’alitement prolongé,
Des affections de l’appareil locomoteur, douleurs et déformations des membres inférieurs,
Des atteintes du système nerveux central : les accidents vasculaires cérébraux génèrent des troubles moteurs, sensitifs et cognitifs qui rendent la survenue de chute fréquente,
Les neuropathies périphériques telles que les polynévrites diabétiques,
Des affections sensorielles,
Les maladies cardiovasculaires,
Les troubles métaboliques,
Les troubles psychiatriques : les syndromes parkinsoniens associent aux troubles de la marche, des troubles de la posture,
Ces facteurs sont souvent plus fréquents chez la personne âgée. Conjugués entre eux ou associés aux effets du vieillissement, ils amènent à un risque de chute élevé.
De nombreuses études épidémiologiques trouvent un lien entre prise de médicaments et risque de chute.
La consommation d’au moins 4 médicaments augmente significativement le risque de chute.
Les médicaments seraient responsables d’une chute sur 5 des personnes âgées au domicile et d’une chute sur 3 en institution.
Un changement récent de traitement ou de dosage constitue un facteur de risque supplémentaire.
Les médicaments les plus fréquemment retrouvés comme facteurs de chute sont :
Les psychotropes
Les traitements de la sphère cardio-vasculaire
Mais également, les antiparkinsoniens, les antalgiques, les antiépileptiques.
àCas de l’hypotension orthostatique
L’hypotension orthostatique se produit lors du passage de la position couchée ou assis à debout (orthostatisme)
Ce changement de position provoque une diminution de la pression artérielle, entrainant une diminution de l’apport sanguin au cerveau qui peut produire un malaise, des vertiges, une perte de connaissance.
Facteurs extrinsèques (environnement)
Les facteurs extrinsèques sont aussi appelés hasards environnementaux.
Ils peuvent être dus à un sol glissant, un siège ou un lit d’une hauteur inadéquate, d’une chambre encombrée.
On peut distinguer deux types de facteurs extrinsèques :
Liés à l’environnement au domicile, dans l’institution comme à l’extérieur,
Liés au comportement :
Sédentarité et inactivité,
Prise de risque inconsidérée,
Consommation d’alcool,
Malnutrition.
Principe de la prévention des chutes
La prévention des chutes repose sur la détection des facteurs intrinsèques du patient et leur réduction si possible, sur l’éducation du patient, sur une aide humaine dans certaines tâches et sur l’adaptation de l’environnement.
Ceci nécessite la participation de nombreux professionnels : médecin, kinésithérapeute, ergothérapeute et plus précisément toute personne en contact avec le patient.
La prévention doit être autant plus importante que l’on a diagnostiqué un risque de chute élevé.
On peut mettre en avant ces principes et conduite à tenir :
Encourager à poursuivre une activité physique
Participer à des ateliers équilibre
Garder une alimentation équilibrée et riche en calcium
Porter une attention particulière aux pieds (soins, chaussage)
Éducation à la santé
Cas de pathologies cardiaques
On cherche à équilibrer la pression artérielle, ni trop élevé afin de limiter le risque d’accident cérébro-vasculaire, ni trop faible afin d’éviter l’hypotension artérielle.
La prévention de l’hypotension orthostatique repose dur l’éducation du patient pour qu’il adopte des comportements adaptés : passage progressif de la position couché à la position assise puis debout.
Le rôle spécifique de l’ergothérapeute va être de faire une évaluation globale de la situation de la personne, orienté sur la gestion de facteurs intrinsèques et plus spécifiquement sur la recherche, l’anticipation et la correction des facteurs de risques extrinsèques comme :
La présence de sols glissants, tapis, fils électriques au sol, éviter les différences de seuil : sol antidérapant surtout pour les pièces d’eau, retirer les tapis et les fils, pose de barre d’appui,
Salle de bains et WC inadéquats : douche italienne, sol antidérapant, barre d’appui, tabouret et tapis dans la douche
Lumière insuffisante : parcours lumineux avec détecteur de lever pour les levers nocturnes, zone d’ombre au niveau de l’éclairage
Escalier non sécurisé : main courante bilatérale, nez de marche antidérapant,
Rangement trop haut : Rangement des éléments les plus couramment utilisés à portée de main
La meilleure solution étant d’anticiper le risque de chute en prenant en considération tous ces facteurs et en sécurisant par avance dès que l’âge ou les conditions sont favorables aux chutes.